50
ans du Bagad Kemper :
Un métissage musical très réussi
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Le
bélier blanc se détachant sur le bleu du fond de scène
accueille les spectateurs. Pour fêter dignement le cinquantième
anniversaire du très fameux Bagad Kemper, ceux-ci se sont
dérangés en nombre le jeudi 8 juin. Un superbe spectacle
leur a été offert au Théâtre de Cornouaille.
Sur
le plateau, dans une pénombre complice, une forêt d'instruments
attend les musiciens. Guidé par les hôtesses, chacun trouve
son fauteuil, échange avec son voisin et s'impatiente
du spectacle à venir.
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« Cinquante
ans, disait Victor Hugo, c'est la jeunesse de la vieillesse ».
Le Bagad Kemper a donc encore devant lui de belles et riches
années. On lui souhaite, en tout cas, de persévérer dans ses
excellents choix musicaux révélés tout au long de cette création.
« Azeliz-Iza »,
tel est le titre de cette longue gwerz, destinée à fêter dignement
cet anniversaire qui débute sous l'image émouvante des sœurs
Goadec, impeccables interprètes. Cette mélodie, reprise par
le bagad, les guitares, les cuivres et la soliste Marthe Vassalo,
montre une formation musicale, superbement menée par Jean-Louis
Hénaff, qui laisse paraître à tout moment ses grandes qualités
de « Pen sonner », ou tout simplement
de chef d'orchestre. On reste admiratif devant la précision
de sa gestuelle, digne des plus grands chefs, et sa façon talentueuse
de conduire sa formation.
Côté
métissage, le Bagad Kemper a toutes les « belles
audaces ». C'est un réel bonheur que d'entendre bombardes,
cornemuses, percussions, tuba, trombone, saxophones, guitares,
s'unir pour une mélodie qui reste dans la tradition. C'en est
un autre que de goûter pleinement aux accents contemporains
des cuivres (venus en voisins de palier) ou de se laisser prendre
aux chants virils et musicaux des percussions superbes dans
« T'en vas pas Max ».
La
formation montre à tout moment sa volonté de se démarquer, son
imagination toujours très musicale, l'excellence de ses pupitres
et encore une fois le talent de son chef. Quant aux hommages,
la soirée en est pleine : à Hervé Le Meur, fondateur du
bagad, aux poètes, aux paysages, à la Bretagne.
Des
textes, des photos, des images, soulignent ces différents
passages, facteurs d'émotions sincères. Le public savoure,
applaudit et debout à la fin du premier bis, acclame les acteurs
de la soirée. Le tableau final est splendide à l'œil. Hauts
perchés, les Kanerien Sant Meryn, en noir et rouge, dominent
les sonneurs. Les danseurs saluent, près de là,
dans leurs habits brodés. C'est cette image-là que l'on gardera
au cœur.