Sauvée in-extremis de la destruction :
La "Gisèle-Roger" pour les Bretons, vers les Bretons


La Gisèle-Roger









Elle était promise à une mort certaine. Son enterrement devait intervenir très rapidement. Non, il ne s'agit pas d'euthanasie (quoique...), mais bel et bien la volonté de l'administration maritime de détruire un bateau, la "Gisèle-Roger", en état d'abandon. C'était sans compter sur la persévérance de Mickaël Eymann, un "fou" du milieu maritime, qui se battra sans faiblir pour sauver cette embarcation. Une association verra même le jour. Son but : rénover le bateau et permettre à des bretons (dessinateurs, peintres, sculpteurs, photographes, musiciens, etc.) d'aller exporter leur culture et rencontrer d'autres bretons. L'équipe d'An Tour Tan a décidé de suivre son périple, avant d'embarquer sur toutes les mers du monde.

La "Gisèle-Roger" a été lancée en 1951, au chantier Kéraudren de Camaret pour Joseph Kerdreux de Morgat, en remplacement de son sloup, "la Bernadette", devenu trop petit. Sa nouvelle embarcation prendra le nom de ses deux enfants. Ce voilier mixte de 18m servait à pêcher le thon, draguer la coquille St-Jacques et à la pêche cotière. La plus grande partie de son histoire a été la pêche au thon dans le golfe de Gascogne. Le thonier embarquait, pour des campagnes de 15 jours, avec 17 hommes d'équipage.

A la mort de M. Kerdreux, son fils Roger, parrain du bateau, lui succède. Lors d'une campagne de thon, un incendie se déclare à bord dans le poste arrière. Les dégâts occasionnés sont sans gravité. La pêche pouvait alors reprendre sans problème pendant des années. Mais, en 1973, en retour de campagne, le bateau entrait en collision avec un cargo. L'étrave est cassée à la flottaison et les lisses, pavois, jambettes sont à changer jusqu'au mât. Ce n'est qu'en 1990 que le bateau reprend la pêche. Du moins jusqu'au plan de réduction de la flottille de pêche en France (plan Mellick). La "Gisèle-Roger" est déclassée. Une prime est alors proposée à Roger Kerdreux pour la démolir. Refus catégorique du propriétaire qui la vend à une SARL de Morgat : l'armement "Gisèle-Roger". Le bateau fera une dernière campagne au thon, suivi par une équipe de France 3.

L'année suivante, le vieux thonier est au Fret et attend ses premiers travaux de rénovation. Le 9 septembre, le bateau part hiverner à Port-Launay. Cet hivernage va durer 11 ans, sans le moindre travail de rénovation et d'entretien. Le bateau va alors tomber à l'abandon. En 2002, le propriétaire va baisser les bras et abandonner son embarcation à quelques encablures de son dernier échouage. La rivière devant être débarrée, le vieux navire est promis à la destruction au tractopelle.

C'est le 13 septembre 2002 que Mickaël Eymann tente pour la première fois de racheter l'épave et apprend sa destruction imminente. Après renseignements pris en mairie et auprès de l'éclusier de Guily-glas, il lui reste 48 heures pour arriver à ses fins. L'opération est programmée pour le 15 septembre, sans les autorisations des affaires maritimes et du propriétaire injoignable.

Dès 9 heures, une équipe de 5 personnes est présente, sous le regard intrigué des habitants, des passants et de deux journalistes. Le bateau est rapidement vidé mais un coefficient de marée insuffisant empêche le départ. L'équipe est déçue mais loin d'être vaincue. Une possibilité est envisagée pour le 5 octobre. Mais il faudra tout d'abord décider le propriétaire, la SARL, à céder le bateau à l'association. Après de multiples appels téléphoniques, c'est chose faite pour un Euro symbolique.

L'association "Mab Ar Mor" était enfin reconnue, les affaires maritimes, la DDE et les douanes acceptant dans la foulée le déplacement du bateau vers Plougastel-Daoulas, nouveau port d'attache de l'embarcation. Pendant deux jours, deux membres vont colmater les brèches pour le convoyage. Le 5 octobre, sous le regard des caméras de France 3 (qui a toujours cru au projet de Mickaël Eymann) et grâce au concours d'un patron pêcheur de l'Auberlac'h, Jo Le Gall, qui va prendre en remorque avec son bateau "l'Odyssée", la "Gisèle-Roger" prend la mer. Le bateau ne sera pas détruit ! Le remorquage se passe sans encombre et après 7 h et une nuit passées à bord, le bateau accoste au chantier nautique de Keraliou. Sauvetage réussi !

Le bateau arrivé à bon port, reste maintenant la rénovation. Un travail colossal qui ne fait pas peur à la petite équipe de "Mab Ar Mor". D'ailleurs, depuis le début du mois de novembre 2002, les mâts, le moteur et les capots ont été déposés pour réaliser des contrôles. La cale à poisson est elle aussi vidée de tout superflu. Le plus gros du travail reste à faire. Pour cela, il faudra que l'équipe de Mickaël dispose de moyens tout aussi considérables. L'association ne cherchant pas, en priorité, d'aides financières, "Mab Ar Mor" a des besoins en équipements de sécurité, de menuiserie, de mécanique et électricité, de nettoyage... N'hésitez pas à les soutenir !

B.O.

A suivre... An Tour Tan va couvrir la restauration et le périple du "Gisèle-Roger" et vous donnera des nouvelles régulières dans la rubrique Actualités.


Envoyer cet article à un ami...


[fermer cette fenêtre]